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Emballez le macchabée dans un drap, on va l'enterrer dans la mer
23 avril 2007

La symétrie du mal.

rue

J’aurai peut être pas dû. Je regarde la tronche écrabouillée de ce garçon, et je commence à gamberger sur ce qui pourra  bien se passer après : beaucoup de gens se laissent dépouiller parce qu’ils pensent que l’agresseur est dans son non droit et que, par conséquent, la justice sera à même de les châtier. Je n’ai pas eu ce genre de raisonnement. Au départ je me suis dit qu’il suffisait que je ne me laisse pas voler pour ne pas avoir a recourir à ça. Sortez votre lame et allez braquer quelqu’un, mais s’il répond que à fortiori en vous dévisageant ou sans vous prêter attention, passez votre chemin.

Voila, nous y sommes, c’est la symétrie du mal.

J’avais prévu de longue date de pêter la gueule à un éventuel agresseur patibulaire et intéressé, tandis que lui avait prévu de me dominer et de me dépouiller. Il a pour lui l’expérience, j’ai pour moi la haine. L’expérience des bastons, braquages de passants, intimidation en groupe ; la haine accumulée au long de deux cycles scolaires de persécutions morales ou tentatives de racket de divers reubeus, blacks, gitans ou tout autre individu stigmatisés par les médias, ma famille ou les profs qui, parmi tous les mastiqueurs de chewing-gum, estiment que ce sont eux les plus insolents. Ce qui me sidère, c’est le besoin de violence irrépressible que j’éprouve dans ce genre de situation alors que, vu du balcon, je suis quelqu’un de tout a fait respectable, ouvert et affectueux. Mais ce qui me sidère encore plus, c’est que, pour quelqu’un de ma condition sociale – entendez par là la case dans laquelle ma famille se trouve rangée par les instituts de sondages – vu du balcon, aucun doute ne pouvais subsister sur les intentions de cet homme.

            Il est un peu plus grand que moi, taillé pareil mais sans la graisse, ses cheveux noirs ne lui rouleront pas sur les oreilles avant au moins six mois tandis que mon chignon blond gène les mouvements de ma tête dans le col de mon duffel-coat noir. La fourrure beige de sa capuche, bien que pas dans mes goûts contraste bien avec le noir  du manteau rappelé sur ses tennis qui parachèvent de prouver le déséquilibre d’échelle entre lui et moi au regard de mes semelles de bûcheron. L’une de ces deux dernières après une envolée de faible altitude est allée percuter un genou qui se faisant moins porteur a laissé vaciller son propriétaire. Les manches du duffel-coat brident l’amplitude de mes épaules et des bras qu’elles contiennent, mais pas assez pour empêcher la projection du bandeau de fourrure et la capuche noire de rejoindre la plancher des vaches. Après je me suis jeté sur lui et j’ai achevé de lui rentrer le nez entre les pommettes du plat de la main. A terme, on déplore une manche de duffel-coat tranchée, un demi litre de sang bi-génôme répandu et un cartilage nasal presque neuf réduit en miettes.

Ne t'inquiète pas ami qui à lu jusqu'ici, je vote écolo. Il est bien évident que ce blog ne relate pas que des faits réels, et c'est bien ça qui est succulent.

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Commentaires
Emballez le macchabée dans un drap, on va l'enterrer dans la mer
  • Au cours d'un périple quotidien impliquant récit et illustration, je vous invite a découvrir un univers d'une banale légèrté, tour à tour cruel, déconcertant, doux, utopique, mais pas moins visible de tous, bienvenue chez moi!
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